Ce cours se concentrera sur les modes de présentation des œuvres et reviendra sur ce qu’implique de constituer et gérer une collection d’art contemporain à partir d’exemples pris dans les musées du monde entier.

À travers l’étude de différentes techniques et intentions, ce cours s’intéressera aux différents moyens mis en œuvre par les artistes pour générer des images et des représentations.

En explorant des œuvres où l’élément imprévisible joue un rôle-clef, ce cours examinera comment les artistes contemporains intègrent l’aléatoire dans leur processus créatif et parviennent à équilibrer hasard et intention.

Quel est le regard que nous portons sur l’autre aujourd’hui et que l’autre porte sur nous ?
De qui sommes-nous l’étranger ? Avec un clin d’œil à la Biennale de Venise 2024 « Foreigners everywhere », nous découvrirons des artistes tels que Nalini Malani et John Akomfrah, invités au pavillon britannique de la biennale ainsi que l’artiste Palestino-Anglaise Mona Hatoum. La lecture du travail de ces artistes permettra de mieux comprendre le lien entre l’art et les notions complexes d’inclusion, d’exclusion ou de marginalisation, avec les lourdes conséquences que nous observons encore aujourd’hui. Des réalités construites dans un monde défini par le poids de l’histoire, où les plus démunis et les régions qui appartiennent au Global South n’ont que peu de voix.

À partir d’œuvres qui témoignent de l’évolution de la peinture contemporaine et sa réinvention permanente, ce cours mettra en avant la diversité des approches picturales au sein de la collection.

Lire l’histoire est un peu comme ranger et déballer nos bibliothèques personnelles. C’est un acte structurant mais c’est aussi un geste créatif de désordre, de colère et de réorganisation. De nombreux artistes explorent cette dichotomie dans leur travail. L’exploration des collections de Marc Dion, d’Edith Dekyndt, de Reena Saini Kallat ou encore de Rachel Whiteread nous amenera à réfléchir sur le sens d’une mémoire collective. Ce cabinet des curiosités construit par l’impérialisme durant plusieurs siècles et dont nous sommes encore tributaires aujourd’hui. Est-ce seulement possible de changer notre vision ou pouvons-nous réorganiser notre bibliothèque avec les limites contraignantes inhérentes au poids de l’histoire ?

De la poésie concrète au slogan politique, ce cours analysera l’utilisation du texte dans l’art, qu’il s’agisse de l’intégration de mots dans les œuvres ou de leur rôle dans la critique et l’interprétation de celles-ci.

Nous découvrirons les bibliothèques et les vestiges d’histoire disparus en particulier dans le Proche-Orient et sur la route de la soie, avec des artistes basés aux quatre coins du monde. Des artistes passionnés d’histoire tels qu’Abigail Reynolds, Shubigi Rao, Shilpa Gupta, Kiluanji Kia Henda ou encore Dana Awartani nous guident à travers des grilles de lecture universelles. La découverte de leur travail nous renvoie à nous-mêmes et à la plus mystérieuse des archives, l’esprit humain avec ses constructions sujettes à de multiples influences et à ce paradoxe de la mémoire toujours intimement lié à l’oubli.

En conclusion de ce cycle, on poussera l’exercice du vote au maximum pour découvrir des pièces-clefs de la collection, choisies à la fois pour leur impact personnel et leur importance artistique.

Ecrire l’image

Pierrine Poget, née en 1982, vit et travaille à Genève. Elle publie des carnets, des textes courts et des poèmes en prose, qui explorent la vulnérabilité, l’errance, les gestes du quotidien, la maternité, les transformations du corps et du regard. Pour écrire ses textes, elle puise dans ses expériences de voyages (Warda s’en va : Carnets du Caire, La Baconnière, 2021), dans sa vie intime, mais aussi dans une vaste iconographie empruntée à l’histoire de l’art (Inachevée, vivante, La Baconnière, 2024) et plus récemment encore, dans l’archive. Ou comment interroger la façon dont la littérature convoque et cultive l’image.

Ce cours aborde le nouveau skyline des villes américaines, marqué par la construction des gratte-ciels dès la fin du XIXe siècle. Lorsque l’architecte allemand Erich Mendelssohn arrive aux États Unis par bateau, il découvre un panorama inédit pour un Européen : une masse imposante de constructions, composée de gratte-ciels qui témoignent d’une nouvelle approche architecturale, pragmatique et issue d’un développement économique sans précédent.
Mais c’est à Chicago que cette tendance s’est manifestée de la manière la plus intense. Suite à l’incendie de 1871, la ville, notamment son centre, a été reconstruite avec des bâtiments de grande hauteur. Parmi les différents architectes concernée par cette reconstruction, Louis Sullivan, en association avec Dankmar Adler, a joué un rôle déterminant. Ensemble, ils ont réalisé des œuvres architecturales remarquables qui ont contribué à la création d’un style désigné comme l’Ecole de Chicago.

– Sullivan & Adler, Wainwright Building, St. Louis (1890-1891)
– Le concours du Tribune Chicago Tower (1922)
– Empire State Building, New York (1931)

Ce cours s’attarde sur le parcours et l’œuvre de Frank Lloyd Wright. Tout au long de sa vie, Wright a été un adepte de la vie rurale originelle des pionniers américains, rejetant les valeurs urbaines. Pourtant, en 1893, il s’installe à son propre compte à Chicago après avoir travaillé chez Sullivan & Adler. Il se consacre principalement à un programme considéré comme mineur au sein du bureau du Liebermaster: les maisons individuelles, dont les célèbres Prairie Houses.
À la fin des années 1930, il réalise un chef-d’œuvre, apportant la preuve d’un souffle artistique nouveau: la Maison de la Cascade (1937-1938) également connue sous le nom de Fallingwater. L’évolution de la pensée organique de Wright est concrétisée aussi dans un autre chef-d’œuvre, cette fois-ci de maturité : les formes spirales audacieuses du Musée Solomon R. Guggenheim à New York, inauguré en 1959.

– Les maisons de la Prairie: la Robie House (1906-1909) à Oak Park
– La Fallingwater (1935-1937)
– Le musée Solomon R. Guggenheim à New York

Presque rien

Naomi Del Vecchio, née en 1974, vit et travaille à Genève. Diplômée de la Haute école d’art et de design (HEAD) de Genève, elle a étudié par la suite le mouvement et la composition à la Jerusalem Academy of Dance and Movement (Israël) puis a complété sa formation par un master d’art dans la sphère publique à l’École cantonale d’art du Valais. Depuis 2020 elle enseigne également les arts visuels et intervient comme médiatrice culturelle. Naomi Del Vecchio pratique le dessin, la gravure et l’écriture. Elle explore les liens entre texte et dessin, mots et lieux, dans l’espace du livre comme dans celui de l’installation. Elle assemble et associe les observations, les définitions, les histoires, les points de vue scientifiques ou personnels, en jouant sur les frontières, les basculements et les dérapages. Elle a réalisé de nombreuses micro-éditions dont la dernière en date Presque Rien parue en 2024 aux éditions Art&fiction. Cette conversation tentera de présenter la démarche de l’artiste ainsi que les formes qui en découlent et d’en situer certains enjeux conceptuels.

Ce cours explore l’architecture des maisons individuelles américaines, dont le nombre augmente considérablement suite à la fin de la Seconde Guerre mondiale et au retour des militaires. Pour la revue L’Architecture d’Aujourd’hui, les villas de Richard Neutra représentent une extension outre-Atlantique de la modernité, caractérisée par des formes fluides, légères, transparentes et élégantes. Parallèlement, Marcel Breuer développe un modèle de maison exposé dans le jardin du MoMA à New-York en 1949, dont le schéma bi-nucléaire témoigne d’une compréhension approfondie de la vie d’une famille américaine de classe moyenne.

Les Case Study Houses constituent une expérience de maisons américaines parrainées par John Entenza, directeur du magazine Arts and Architecture. Sous son impulsion, plusieurs grands architectes de l’époque ont été sollicités pour concevoir des villas modernes, illustrant ainsi les nouveaux modes d’habitation. Parmi ces réalisations emblématiques figure la maison de Charles et Ray Eames, située à Pacific Palisades à Los Angeles, achevée en 1949.

– La modernité des maisons de Richard Neutra
– Le modèle au MoMA de Marcel Breuer (1949)
– Cases Studies Houses et le nouveau mode d’habiter : maison Eames, Pacific Palisades (1949)

L’œuvre, sa forme et son information. Enjeux esthétiques du format dans l’art contemporain

Philosophe et critique d’art, David Zerbib enseigne à la HEAD – Genève. Ses recherches portent sur l’esthétique contemporaine, et en particulier sur les questions de performance et de performativité, ainsi que sur la question des formats.
Pour qu’une œuvre d’art produise l’événement sensible par lequel nous en faisons l’expérience, lorsque nous arrivons devant elle pour en percevoir les formes, ou lorsque nous l’activons d’une manière ou d’une autre, il faut que certaines conditions soient réunies. Il faut bien sûr partager du temps et de l’espace avec l’œuvre, mais certains paramètres apparemment plus techniques et logistiques sont aussi requis, qui peuvent apparaître extra-artistique. Supports, dispositifs, modalités de fonctionnement, protocoles opératoires, programmes, informations… ces éléments, qui peuvent paraître seulement instrumentaux ou accessoires jouent pourtant un rôle essentiel d’un point de vue y compris esthétique. Voilà pourquoi nous devons élargir notre rapport au «format» dans l’art, si nous voulons repenser le sens de l’expérience des œuvres dans ces conditions contemporaines.

Le dépassement de soi par le geste créatif

Emmanuelle Antille (*1972, Lausanne) est artiste, vidéaste et cinéaste. Son premier long métrage documentaire, The Wonder Way, a été primé au Festival du Réel à Nyon en 2023 où il a reçu le Prix Spécial du Jury en Compétition Nationale. Le dialogue portera sur ses centres d’intérêt et les processus de travail qu’elle a développé durant sa carrière, en particulier pour The Wonder Way. Il abordera également la manière qu’elle a de prolonger le questionnement de son film, notamment par une exposition dont elle sera commissaire au Manoir de Martigny du 13 février au 11 mai 2025.

Ce cours aborde les années 1950 et 1960 qui se caractérisent notamment par la croissance de l’industrie automobile et par le paysage des autoroutes qui se développent de façon flagrante.
Le centre de la General Motors à Detroit, conçu et réalisé par l’architecte d’origine finlandaise Eero Saarinen, par son ampleur et sa qualité architecturale, témoigne de ce fait , d’une société où la mobilité est un paramètre central.
Saarinen va devenir le symbole d’une nouvelle génération d’architectes qui, suite à une période d’influence miesienne , va s’en détacher pour s’orienter vers de nouvelles expressions, très plastiques, de bâtiments en béton : autant l’auditorium Kresge (1955) au M.I.T. à Boston est dans la suite de la logique structurelle des ingénieurs et de l’appel de l’historien Sigfried Giedion à revaloriser, par des formes modernes, la centralité de la coupole, autant le terminal de la TWA (1962) à New York est un exemple marquant de ce qu’on appellera l’architecture « parlante ».

– Saint Louis Gateway Arch, Missouri (1947-1965)
– General Motors Technical Center, Warren, Michigan (1945-1956)
– MIT, Kresge Auditorium et Chapelle, Cambridge, Massachusetts (1950-1955)

Retour sur l’exposition du MAMCO de 2018

Mai-Thu Perret (*1976, Genève) développe une pratique qui traverse les disciplines (de la sculpture au film, en passant par la céramique et la performance), multiplie les référents (des mouvements avant-gardistes du 20e siècle aux philosophies orientales) et fusionne les méthodologies (faisant usage de ses études littéraires aussi bien que de ses expériences curatoriales). Le MAMCO a réuni ces dernières années, autour d’une exposition au musée en 2018, un ensemble représentatif de sa pratique (céramiques, textiles, néons, etc.).

Ce cours couvre les années 1970 et 1980 où nous pouvons observer la confrontation de deux tendances que les critiques vont opposer : d’un côté, les New York Five Peter Eisenman, Michael Graves, Charles Gwathmey, John Hejduk et Richard Meier qui remettent à jour le langage de la modernité inspirée de l’architecture puriste et savante de Le Corbusier des années 1920 et 1930 ; de l’autre, les Grey , dont notamment Robert Stern , Charles Moore et Robert Venturi , qui préconisent une architecture quotidienne et d’inspiration vernaculaire.
Plusieurs des architectes de la tendance Grey, appuyés pour cela sur la trajectoire sulfureuse de Philip Johnson postulent le retour à l’histoire comme fondement de l’architecture. « Le passé comme ami » devient une devise pour les architectes qui vont ainsi puiser librement des formes dans le répertoire de l’histoire, s’affranchissant ainsi des codes stylistiques de la modernité et créant une nouvelle ère architecturale.

– Le classicisme de Philip Johnson
– New York Five et la réinterprétation du purisme architectural de Le Corbusier
– Les Grey et le retour à l’architecture populaire et vernaculaire

Prix Manor

Sarah Benslimane (1997) est lauréate du Prix Culturel Manor 2025 pour le Canton de Genève. Sarah crée des peintures sculpturales qui reflètent le trop-plein d’informations, d’Histoire, d’images et de styles et rendu disponible par les nouvelles technologies Internet. Ses œuvres déjouent nos représentations du réel, malmènent les catégories esthétiques établies et font voler en éclat les idées reçues en matière de vulgarité, de douceur, de féminité et de l’exprit du temps. Sarah Benslimane crée un espace picturale et physique qui parvient à faire conjuguer avec candeur et acuité critique l’héritage moderne de l’abstraction et postmoderne de l’image.

Quand les tableaux s’animent

Georges Schwizgebel est un réalisateur de cinéma d’animation suisse, né en 1944 à Reconvilier, dans le Canton de Berne (Jura bernois). Après des études de graphisme à l’École des Beaux-Arts et Arts-Décoratifs de Genève, il crée en 1971, le studio d’animation Studio GDS avec Claude Luyet et Daniel Suter. Le style de Georges Schwizgebel est marqué par une approche picturale forte (on parle parfois à son propos de « peinture animée ») et la place prépondérante qu’il fait à la musique. Il est une des grandes figures du cinéma d’animation suisse. Son travail a fait l’objet de nombreuses rétrospectives aux quatre coins du globe et ses œuvres ont été primées à de nombreuses reprises dans différents festivals internationaux : parmi lesquels le Prix du cinéma suisse en 2002 puis en 2016, le Cristal d’honneur du Festival international du film d’animation d’Annecy en 2017 pour l’ensemble de sa carrière et le Meilleur film d’animation en 2020. En 2019 il est fait Officier de l’ordre des Arts et des Lettres. Cette conversation sera l’occasion de revenir sur la carrière de l’artiste, les grandes étapes qui l’ont jalonnée et d’en situer certains enjeux formels et conceptuels. A l’occasion de la finalisation de son nouveau film, Georges Schwizgebel nous fera l’honneur de nous accueillir dans son atelier.